Avec une autre de mes soeurs, elles souhaiteraient qu’on fasse une colocation à trois. J’étais d’accord au départ, mais je me rends compte que ce ne sera juste pas possible. Passé un certain âge, il peut être difficile de cohabiter. Bien que soeurs, nous avons chacune notre façon de fonctionner, notre rythme de vie, notion de la propreté, du bruit, etc. Par exemple, les deux frangines en question sont assez...désordonnée pour l’une, très très réfractaire au ménage pour l’autre, et ça ne s’arrange pas avec l’âge.
Je tiens à préciser que je suis loin d’être maniaque de la propreté, je ne suis pas du genre à faire le ménage à fond tous les jours ou à péter un plomb s’il y a un bout de papier qui traîne. Mais nous avons tous nos limites, n’est-ce pas ? Je ne supporterai plus la vaisselle qui déborde de l’évier (à chaque fois je ne supportais plus et finissais par la faire moi-même) et son odeur, les pots de yaourts vides dans la chambre, le maquillage qui traîne, les cheveux dans toute la salle de bain...Celle avec qui je vivais dernièrement est un cas tout à fait extrême, mais je préfère ne pas m’étaler dessus.
Et puis, il n’y a pas que ça. Par exemple, une de mes soeurs adore recevoir de la visite, alors que pour l’autre et moi c’est plutôt de temps en temps. De mon côté, je souhaiterais avoir un ou plusieurs animaux de compagnie, ce qui ne les enchantera pas particulièrement. Et même, si moi je m’entends bien avec deux, elles sont très différentes dans leur façon de voir les choses. Enfin, je pourrais citer d’autres exemples, juste pour dire que je ne suis plus faite pour la colocation.

Je suis rassurée sur un point, mes parents ne sont plus contre le fait que j’emménage seule (ils étaient sceptiques car je suis très maladive). Quant à mon petit ami, il craint que je n’arrive pas à m’en sortir toute seule, financièrement, et même dans la vie de tous les jours. Ça m’a un peu vexée qu’il pense ça, puisqu’il est quand même censé savoir que je sais organiser ma vie (un minimum), et que j’ai dû me débrouiller très jeune pour un bon nombre de choses quand je vivais en France...
Ce n’est pas que la maison de ma mère (dans laquelle je suis actuellement) n’est pas confortable (bien au contraire). Le truc c’est que je n’y avais plus de chambre (logique), et que je commence vraiment à me sentir étouffée. Il me faut mon espace. Et puis, adulte ou pas, quand on vit chez ses parents, on est obligé de se plier à leurs règles. Celles de ma mère ne sont pas très contraignantes, mais je ne sais pas, en ce moment tout m’énerve, je me sens littéralement étouffée. Je voudrais décider moi-même de tout ce qui concerne mon quotidien.

Bref, j’ai hâte d’avoir un studio que je pourrais meubler à ma guise, pouvoir me reposer plus sereinement, plus me concentrer sur mes cours et mes écrits, me responsabiliser (le fait de vivre chez mes parents ne me motivent pas à être débrouillarde, je dirais même que ça me rend paresseuse). Je compte déménager dans quelques mois.

Reprenons du début. Plusieurs raisons expliquent mon retour ici, et la création d’un nouveau journal.
D’abord, j’ai envie de recommencer à écrire, et selon moi il n’y a pas mieux qu’un journal pour se remettre à rédiger régulièrement.

Ensuite et surtout, il y a peu je me suis rendue compte que présentement, je me trouve au seuil d’une nouvelle étape dans ma vie. Mon avenir professionnel est (enfin !) assuré, mais pour le reste je sens qu’il est temps que je me pose et que je concrétise mes projets. J’ai pendant une longue période subi ma propre vie, comme si elle appartenait à une autre personne, une personne tout à fait différente de moi. Je ressens toujours un peu d’amertume lorsque je repense à tout ce temps perdu. Je suis tout de même fière de dire que j’ai fini par passer à autre chose.

Aujourd’hui, je veux vivre la vie que je souhaite. Cette fois, je sens que je suis prête. Je sais à peu près le genre de vie que je veux mener, mais disons que la manière d’y parvenir m’échappe encore un peu. Depuis quelques temps, j’ai décidé que je dois prendre mon envol, emménager seule (et pas avec mes soeurs), faire mes propres, créer mon mode de vie et instaurer mes propres règles. Il arrive toujours dans la vie d’une personne ce moment où elle ressent le besoin de prendre son indépendance. Je parle de besoin, car en ce moment c’est devenu une obsession, et il m’est impossible d’imaginer que je ne change pas ma situation actuelle.

J’ai l’impression d’avoir grandi, ces derniers temps. Pas vieilli, non, grandi, mais vraiment dans le bon sens du terme. Je commence à réfléchir sérieusement à des choses qui ne me venaient même pas en tête auparavant, j’élabore des projets sur le long terme, je fais des listes (c’est important les listes), je gère mieux mon argent. J’ai vraiment envie de faire quelque chose, d’aller quelque part, et surtout d’être à l’aise dans ma vie. Financièrement bien sûr : je ne veux pas être riche, mais je n’ai jamais manqué de rien et j’aimerais que cela continue. Mais surtout de pouvoir aimer mon espace de vie, en faire ce que je veux, choisir mes meubles, ma vaisselle, ma déco, ma lessive, mon alimentation, etc.

Je me trouve très...pragmatique en ce moment.

Le truc, c’est que je me demande bien à quoi et à qui il peut bien servir.
De plus, je ne suis pas perfectionniste en règle générale, mais je finis toujours par avoir honte de ce que j’écris.

J’aime écrire, pourtant. Mes espérances sont trop élevées, hélas.
J’attends trop de mes écrits. Si ici, il ne s’agit "que" d’un journal intime public, ailleurs le problème est plus grave.
L’idée qu’un jour je ne serai plus de ce monde me tourmente. Pire, imaginer que ce jour-là je n’aurais rien encore rien accompli de palpable, rien qui me survivra, rien qui fera de moi un être immortel, cette idée-là m’est insupportable. Je dois être sacrément égocentrique tout de même.
J’ai beaucoup d’ambition, autant que la maman de Romain Gary, certainement. Malheureusement, cette ambition reste logée dans ma tête les 3/4 du temps. On dit qu’il faut réfléchir avant d’agir, disons que moi j’abuse de ce conseil.

Je suis comme Alex, dans Paranoid Park ; quand il va dans ce skatepark qui l’impressionne tant, il reste tout le temps sur les bords, assis sur sa planche. Il observe les autres s’activer dans le bowl mais jamais ne se lance. Je suis pareille, dans un grand nombre de domaines. La danse par exemple. Mon cas n’est pas si catastrophique que ça (j’espère), pourtant je passe des soirées entières assise à regarder les gens débouler sur la piste. Je sais qu’en fait, je ne suis pas si ridicule. Je sais que finalement, tout le monde s’en fout. J’y pense toute la soirée, j’hésite, mais je n’y arrive pas, c’est ainsi.

Il en est de même pour l’écriture. J’ai énormément de projets, avec des plans plus ou moins élaborés, mais je reste à la case départ, incapable de les concrétiser. J’ai pourtant quelques qualités, mais il faudrait que je me mette au travail. Je bloque. C’est incroyable. J’étais pourtant très inspirée à une époque.

Je voudrais réussir à écrire juste UN ouvrage potable, que ce soit une nouvelle, un roman, un essai, un conte, une thèse d’Histoire (il faudrait déjà que je me penche sur mon futur mémoire). Je serais capable d’écrire n’importe quoi (je suppose que j’ai un sérieux problème de reconnaissance, mais cela figure dans la pyramide des besoins de Maslow, non ?). N’importe quoi, tant que cela me permette de ne pas complètement disparaître après ma mort, qu’il reste quelque chose de moi, que je traverse les époques comme Thucydide ou Victor Hugo (d’accord, là j’exagère). En quelque sorte, je veux être immortelle.

L’immortalité, c’est bien ce que recherchent les Hommes n’est-ce pas ? C’est pour cette raison qu’ils écrivent des livres, bâtissent des châteaux, font des révolutions, inventent des objets, se donnent en spectacle sur YouTube ? C’est bien pour cela, n’est-ce pas ? N’est-ce pas aussi la raison principale pour laquelle ils s’assurent d’avoir une descendance ?

J’ai un projet. Un truc que j’ai commencé à écrire. Je pense que l’idée et le concept sont bons, mon niveau d’écriture n’est pas mauvais non plus (à améliorer, toutefois). Il me manque la motivation et l’endurance. En fait, tout ce que je veux, c’est réussir à finir cet écrit. Juste celui-ci…